Patrick Drouot « Guérison spirituelle et immortalité »
Patrick Drouot est à la fois ce qu’il est aujourd’hui coutume de nommer un « sujet psy » s’inscrivant pleinement dans le mouvement « new age » et un scientifique (physicien) de formation. Ce préambule situe assez bien ce livre, mélange de récits d’expériences intérieures dont témoigne l’auteur et de présentations de théories spiritualistes (ou parapsychologiques comme on voudra…), mais dont les descriptions prennent souvent une forme scientifique (ce qui ne présage en rien de leur véracité).
C’est par exemple le cas dans sa description de l’éveil de la Kundalini et encore plus dans la présentation qu’il fait des différents chakras, contenant des indications suffisamment pointues concernant le fonctionnement du système immunitaire pour rebuter certains lecteurs peu enclins au langage scientifique.
Cela tient sans doute en partie à sa formation de physicien, mais il faut reconnaître le mérite à l’auteur de ne pas avoir privilégié des explications plus simplistes qui auraient sans doute été plus séduisantes pour une partie du lectorat habituel de ce type d’ouvrage.
De même, et contrairement à ce que son titre pouvait un peu laisser craindre, vous ne trouverez en aucune façon dans ce livre des « recettes de cuisine » livrées au petit bonheur et sensées vous permettre de vivre vous-mêmes ce genre d’expériences. Tout au plus quelques conseils ici ou là, mais manifestement dédiés à des pratiquants déjà habitués.
On peut s’étonner et même s’agacer de cette propension des parapsychologues et occultistes de tout poil à vouloir se donner cette image de scientificité, mais dans le fond ils ne font que s’adapter à leur époque. Là où par le passé ils empruntaient le vocabulaire et les tournures des théologiens et autres mystiques « officiels », ils privilégient aujourd’hui les méthodes et le vocabulaire des scientifiques qui sont les actuels garants de la « vérité communément admise » et auxquels il faut donc nécessairement se référer pour espérer être pris au sérieux.
On peut par contre se poser la question de l’efficacité de la méthode, car c’est précisément un procès de non scientificité qui est fait à toutes ces théories par leurs opposants les plus zélés, de même que par le passé on les désignait volontiers comme diaboliques ou hérétiques avec d’autant plus d’énergie qu’elles étaient ressenties comme singeant le discours religieux officiel.
Les arguments des opposants actuels sont d’ailleurs assez souvent recevables, si ce n’est qu’ils ne s’appliquent pas spécifiquement à ce domaine :
- Risque sectaire : oui mais à la marge et les « gourous » les plus cruels et sanguinaires du 20ᵉ siècle ont presque tous agi au nom d’idéologies athées et matérialistes ;
- Risque de charlatanisme : il faudrait être malhonnête en niant que cela existe, mais tout autant en le cantonnant à ce domaine. Les risques d’escroqueries et d’arnaques existent à tous les niveaux pour les esprits crédules. Là encore il s’agit d’un symptôme d’un mal plus général.
On peut se moquer aussi à juste titre de la foi du charbonnier de ceux qui ont toujours un a priori positif concernant tous ces « phénomènes étranges », mais l’intolérance intellectuelle de ceux dont leur simple évocation fait perdre leur sang-froid me paraît plus dangereuse.
Je suis le premier à rejeter le côté grégaire de toutes les religions, mais je pense autant de mal de toutes les formes de « prêt-à-penser » et d’aliénation sociale, dont les religions ne sont que des cas particuliers. À l’époque actuelle, ce sont des idéologies non religieuses qui gouvernent réellement nos sociétés et aussi faut-il veiller à ne pas se tromper d’ennemi.
Par expérience, je sais que la majorité des personnes s’intéressant à ces sujets sont en fait en recherche de sens dans un esprit tout philosophique, même si leurs méthodes le sont moins. Cette recherche me semble en rien critiquable, bien au contraire, et je suis tenté de voir dans leurs rituels de « chamanes modernes » une forme de poésie par la pratique, de même que dans une certaine mesure la pensée magique peut être une façon de s’approprier son existence en lui donnant une signification toute personnelle. À partir du moment où il ne s’agit plus d’une simple adhésion naïve, cela peut devenir un chemin de liberté, faute d’être un chemin de vérité.
Cette quête de sens, cette appropriation du vécu intérieur qu’on ne laisse plus en pâture à quelques « guides » présupposés éclairés – aussi blanche soit leurs blouses ou aussi noires soient leurs soutanes – sont tout à fait respectables.
Ce livre peut donc être parcouru avec intérêt par tout esprit suffisamment curieux, ouvert…, mais aussi suffisamment critique pour percevoir les limites de ce qui y est évoqué.
Comme l’auteur le dit lui-même « Le fait que la psyché humaine ouvre sur de telles expériences vécues par les personnes comme subjectivement réelles ne signifie pas qu’il s’agisse de connexions authentiques avec l’univers ! ». Et même s’il essaie naturellement de contre argumenter par la suite pour défendre sa théorie, il me semble que c’est là en excellent leitmotiv que devrait garder à l’esprit ses lecteurs et plus généralement toutes personnes s’intéressant à ces sujets.
Ci-dessous, deux extraits.
Lecture simultanée des quatre corps
Il est alors possible d’établir des liens de cause à effet avec une zone malade. Certains événements codifiés dans le corps éthérique permettent de retrouver les parents ou l’un d’entre eux, des événements précis comme des joies, des peines et des correspondances astrales, c’est-à-dire des vies antérieures. Néanmoins, la mémoire antérieure n’est encore que l’un des aspects de la cause réelle. La vision multidimensionnelle va s’accroître à partir du moment où la perception des quatre champs, y compris le corps physique, commence à se faire sentir. À ce moment-là, il est possible, en une demi-heure environ, de retrouver l’historique relativement précis d’un sujet ; il s’étale parfois sur une zone temporelle supérieure à vingt mille ans ! Une fois encore, le point fondamental est de ne pas devenir des voyants d’un nouveau type. Le but n’est pas d’affirmer de manière péremptoire des choses invérifiables mais d’arriver à une collaboration pleine et entière avec l’autre, de se glisser peu à peu dans son état énergétique avec son accord, pour percevoir des événements précis du présent et, à partir de ce moment-là seulement, d’ouvrir le champ de conscience.
J’ai remarqué que les personnes basculent elles-mêmes dans un état élargi de conscience et qu’alors les différents champs énergétiques ont tendance à se rééquilibrer. Il est remarquable de constater que ce n’est pas l’opérateur qui est responsable de la guérison, mais plutôt la personne qui s’auto-guérit. La guérison dite spirituelle est la guérison de l’esprit. Contrairement à toutes les techniques classiques, on ne soigne pas la maladie, mais on incite la personne à se soigner elle-même, ce qui est une approche radicalement différente.
Les mécanismes de l’incarnation
[…] L’aventure recommence une fois encore. La vie est un enseignement constant et le grand chaman Wallace Black Elk (Elen noir) disait qu’il fallait « marcher dans la vie d’une manière sacrée ». Marcher d’une manière sacrée est un art de vivre chaque instant comme si celui-ci devait être le dernier, de monter chaque marche comme si c’était la première, de s’éveiller chaque matin comme si c’était le premier matin. Marcher d’une manière sacrée, c’est évoluer lentement, non pas avec force, non pas en amplifiant son ego. Marcher d’une manière sacrée, c’est abandonner nos souffrances, nos peurs, nos craintes et nous ouvrir à l’immensité de chaque instant. Avec un cœur, un esprit et un corps ouverts, nos possibilités sont réellement sans limites. Chaque pas en avant est une nouvelle mort, une renaissance, chaque pas en avant est une nouvelle découverte, une nouvelle guérison.