L'aventure Metoyen
Et si l'histoire de Meetoyen vous était contée ... et sans langue de bois !
Chez Meetoyen on a souvent plaisanté sur le fait que si on avait pris des notes tout le long de nos aventures, on aurait sans doute de quoi publier un roman en plusieurs tomes... et étant censé être le « poète » de la bande, à moi les prix littéraires !
N'ayez crainte, je vais me contenter ici d'un article fleuve :-)
Si on rembobine la cassette jusqu'en 2005, mon intention n'était pas vraiment de monter un gros réseau de sites et de m'associer avec d'autres loustics pour créer une société autour de laquelle tournerait un essaim de « partenaires » ("zéditeurs" qu'on les appelait).
Non, non...j'avais seulement la volonté de gagner suffisamment d'argent pour payer mes factures via les revenus publicitaires générés par quelques sites internet, étant autant que possible utiles aux internautes les parcourant...
Un statut, tu trouveras
Au niveau statut, comme pour le reste, ma préférence va toujours vers le plus simple, ce qui a généralement pour effet de me compliquer la vie :-)
Après avoir suivi le stage commando « 7 jours pour entreprendre » que la CCI destine aux créateurs d'entreprise, j'ai d'abord été attiré par l'esprit des Coopératives d'Activités et d'Emploi (CAE) présentées dans la documentation fournie à cette occasion.
Les CAE existantes ne voulant pas de moi :-(, je me suis dirigé vers le portage salarial et là - ô bonheur ! - j'ai découvert qu'une société de portage toute récente s'était spécialisée dans la légalisation des revenus générés par les sites internet.
Pour ceux qui ne connaissent pas cet univers, il y avait (et il y a toujours) de nombreux webmasters qui commençant par gérer leurs sites en amateur se retrouvent avec des revenus publicitaires de plus en plus conséquents qu'il leur faut bien déclarer d'une façon ou d'une autre sans avoir pour autant envie de se « mettre une boite sur le dos ». Pour rappel, le statut d'auto-entrepreneur n'existait pas à l'époque.
Bref, ce statut me convenait parfaitement et si en tant qu'un des premiers « webportés » j'ai un peu essuyé les plâtres, je me réjouis d'avoir trouvé cette solution.
Le portage salarial vous permet de vous concentrer sur le cœur de votre activité sans avoir à vous préoccuper de l'aspect administratif. Vous y bénéficiez du statut de salarié avec les cotisations qui y sont associées. En cas de pépin et de fin d'activité vous devez pouvoir bénéficier d'une allocation chômage et, non négligeable, vous cotisez même pour la retraite que vous n'aurez pas :-)
Le désert, tu traverseras
Comme dit plus haut, le modèle économique envisagé était basé sur les revenus publicitaires espérés sur des sites internet « dopés » aux techniques de référencement "naturel" de l'époque que j'avais déjà pu expérimenter via des sites amateurs.
Donc aucune démarche commerciale ou de communication classique. Les seuls clients que je cherchais à séduire étaient les « bots » du dieu Google qui dans sa grande magnanimité m'offrait aussi la possibilité de monétiser le trafic qu'il m'apportait via sa régie publicitaire Google Adsense.
Certains secteurs comme le tourisme ou l'immobilier étaient déjà très concurrentiels et malgré ma connaissance des techniques de SEO (= référencement) qui pouvaient donner des résultats beaucoup plus rapides qu'aujourd'hui, il m'a fallu faire des tests pendant de nombreux mois pour trouver les bons filons.
En attendant, j'ai donc fait à reculons un peu de prestation de service, non que cela était inintéressant, mais que cela me prenait du temps que je ne passais donc pas sur mes propres sites. Merci à l'équipe d'Axes & Sites , Bertrand Guyot ou encore Sylvain d'Axe-net dont les commandes mon bien dépanné à l'époque.
Avec d'autres éditeurs, tu t'associeras
Le « hasard », qui a décidément bon dos, a voulu que je croise sur un forum hanté par les webmasters un dénommé Jean-Michel, qui étant fort de son expérience de cuistot avait débuté à peu près la même démarche que moi dans le sud-ouest de la France.
Avec des outils et des techniques différentes nous avions tous les deux privilégié le référencement local à une époque où dans le landerneau des webmasters lorsqu'on parlait d' « annuaire internet » on pensait plus à un répertoire de sites internet divers, plutôt qu'à un bottin en ligne.
Nous pensions l'un comme l'autre que l'aspect local était prédominant dans de nombreuses recherches des internautes et puis le chauvinisme aidant...
Nous avons donc échangé sur notre façon de travailler et assez vite envisagé des créations communes.
Son frangin Didier, fraîchement retraité de l'armée est ensuite venu compléter notre petite équipe, formée comme vous le voyez par des experts en informatique que la NASA nous jalousait :-)
Notre première réalisation commune, le site carte-france.info, qui a bien dû changer 10 fois depuis sa création (n'est-ce pas Didier ? :-) ), s'est avéré rapidement un réel succès.
L'idée de ce site m'était venu en étudiant mes statistiques. À position similaire dans les résultats de Google, le mot-clés « carte Morbihan » apportait plus de visiteurs que « Morbihan ».
Google Maps étant à l'époque en cours de développement et utilisable gratuitement par les éditeurs de sites via une API.
L'idée était simple... et tellement bonne que depuis des concurrents nous ont copiés :-)
Une marque, tu créeras
Je passe sur de nombreux détails croustillants liés à nos différentes mésaventures, mais nous étions dès le départ très conscients de notre hyper-dépendance à Google, à la fois source principale de visiteurs et de revenus...
Aussi nous avons cogité sur la manière de trouver une solution de nous dégager de cette dépendance.
Le côté « local » nous parlant décidément beaucoup et l'aspect « citoyen » nous plaisant aussi, la marque (et le concept) Meetoyen est née de nos brainstormings.
Si nous avons assez rapidement commencé à l'utiliser pour fédérer nos sites existants, l'objectif était ailleurs : créer un « réseau social » local, facilitant la création de liens entre « voisins » et mettant en avant les initiatives citoyennes.
Pour resituer : à l'époque facebook & co commençaient à peine à émerger en France et personne ne savait ce qu'était un « communauty manager » (non, le mot ne se traduit pas en français par "stagiaire" :-)).
En regardant la concurrence nous avons découvert divers sites comme peuplade.fr qui avaient un créneau proche de notre projet, mais qui semblaient rencontrer beaucoup de difficultés à créer des communautés en dehors des grandes villes. L’omniprésent problème de la masse critique des sites communautaires...
Néanmoins, nous pensions avoir de sérieux atouts en main, notre réseau de sites recevant plusieurs millions de visiteurs uniques mensuels principalement via des requêtes « locales » et les revenus générés nous permettant d'investir du temps et de l'argent dans de nouveaux projets.
Une société, finalement, tu créeras
Malgré le fait que Webportage dans sa grande souplesse permettait déjà à ses « webportés » de créer des groupes de travail partageant leurs revenus simplement, le projet Meetoyen nous semblait nécessiter de créer une structure plus classique. Cela ferait plus sérieux vis-à-vis de nos futurs partenaires, qu'on se disait.
Le « hasard » (encore lui !) a fait qu'une dénommée Joëlle, cherchant désespérément un prestataire pour monter son propre projet internet s'est approchée de nous.
Faute de trouver en nous, le prestataire qu'elle cherchait, nous avons trouvé en elle, la personne manquant à notre équipe :-) de par ses compétences en marketing et sa moindre répugnance à tout l'aspect administratif qu'engendre la gestion d'une entreprise.
Des cartons, tu rempliras
Malgré les atouts présentés plus haut et cette société fraîchement créée, nos projets tournaient en rond et finissaient dans les cartons sans avoir été testés.
Ne croyez pas que l'on s'ennuyait pour autant ! Certains de ces projets avaient commencé à être étudiés sérieusement et même codés... et par ailleurs nous prenions un malin plaisir à modifier régulièrement nos sites existants. Ça occupe et parfois fait même perdre de l'argent en fâchant le dieu Google !
Les raisons qui nous ont bloqués sont variées.
Nous ne doutions pas vraiment de notre capacité à lancer notre projet de réseau social local, mais plutôt de sa pérennité.
Les internautes pourraient sans doute se prendre au jeu en créant leur profil mais il manquait une raison pratique les faisant revenir sur le site par la suite.
Il nous fallait donc trouver un truc qui leur donnait une bonne raison de revenir.
La dernière réflexion en date consistait à proposer aux internautes de mettre à disposition certains de leurs objets.
D'autres sites se sont d'ailleurs lancés sur ce créneau courant 2013 et même Google s'y est intéressé. Il faut croire que l'idée n'était donc pas si mauvaise.
Pour notre part, nous n'avions à l'époque jamais entendu parler du concept de « consommation collaborative » qui est par la suite devenu à la mode et c'était surtout pour nous une raison « pratique » pour nos utilisateurs de revenir sur notre site et de nouer des liens avec leurs « e - voisins ».
Sous tes pieds, le sol s'effondrera
Bref toutes ces belles réflexions ont eu une méchante tendance à finir dans les cartons.
Pendant ce temps est arrivé ce qui était prévu depuis le début.
Le dieu Google s'est pris de courroux à grands coups de mise à jour d'algorithme de classement de ses résultats de recherche (Panda, Penguin...) et de mise en avant de ses propres services dans les résultats de recherche.
Notre réseau de sites qui était optimisé à l'époque de sa création s'est trouvé quelque peu obsolète ce qui fait qu'en moins d'un an nous avons vu l'audience de nos sites fondre comme neige au soleil.
Cela n'est pas allé sans conséquence sur notre chiffre d'affaire même si nous avons essayé de nous raccrocher aux branches en diversifiant nos sources de revenu.
Cette chute, doublée du fait que nous n'avions pas réussi à lancer quelque chose de concret quand cela était encore possible nous a amené à nous remettre en cause.
Bref, la société n'avait plus raison d'être... et nous sommes retournés chez webportage !
Une conclusion, tu feras
Je n'ai pas repris ici toutes les péripéties d'une aventure qui s'est étalée sur presque 8 ans et qui n'est pas complètement achevée.
Si la société a déposé le bilan, l'activité des sites Meetoyen continue. Par contre, plus de projet en commun, chacun suivant sa route.
Pour ma part, je compte bien continuer à sévir sur internet pendant encore un petit bout de temps ayant quelques nouvelles idées en tête...
Pour connaître la suite de mes aventures, ne bougez pas, vous êtes sur le bon site !
Mise à jour 2016
Bon bah cette fois, je peux dire que Meetoyen n'existe plus, car nous venons de fermer tous les sites utilisant les noms de domaine associés !
Et il n'est plus possible de référencer vos activités dans nos annuaires. Nous nous contentons de maintenir l'existant.
Seuls 3 de nos sites sont toujours en ligne : carte-france.info, code-postal-villes.com et landes-tourisme.info... pour l'instant !
Mise à jour 2019
Cette fois, je peux dire que tout est fini pour Meetoyen.
Les derniers sites ont été fermés courant 2018, les informations qu'ils proposaient n'étant plus à jour.
La boucle est bouclée. Pour ma part, j'ai pris une activité salariée, du moins temporairement, car j'ai quelques idées en tête...