François Dominique : Romulphe – Divagation au pays des non morts.
Il me faut d’abord évoquer la manière pour le moins originale par laquelle ce livre est venu à moi. Effectivement j’ai eu la surprise de le recevoir par courrier, l’enveloppe au nom d’amazon.de en ajoutant à mon étonnement premier. Avais-je à faire à une commande qui me serait parvenue par erreur ?
Le courrier ouvert, la dédicace du livre et le courrier l’accompagnant a fait disparaître toute ambiguïté : ce livre m’avait bien été expédié volontairement et par son auteur lui-même. Pas de mystère par contre sur la façon dont il a pu trouver mes coordonnées, étant donné la nébuleuse de sites internet que j’ai à mon actif et plus particulièrement les quelques sites « amateurs » que j’entretiens tant bien que mal depuis de nombreuses années. Les raisons qui ont motivé François Dominique à m’offrir ainsi son roman lui appartiennent. En tout cas, je l’en remercie, car si je vais souvent de livre en livre, au petit bonheur, c’est la première fois que l’un d’entre eux vient à moi plus que je ne vais à lui, aussi manifestement.
Le roman en lui-même dont je viens d’achever la lecture est assez déconcertant. Le narrateur (François Dominique lui-même) nous raconte sous la forme d’un journal, ses mésaventures alors qu’il se trouve subitement entraîné dans une enquête sur l’existence d’un écrivain méconnu (le dénommé « Romulphe »), enquête qui va le mener dans un univers pour le moins nébuleux.
Je ne sais pourquoi mais la lecture de ce roman m’a par moment fait penser au film « Orphée » de Jean Cocteau qui revisitait le mythe grecque et dans lequel on pouvait voir le personnage principal (incarné par Jean Marais) aller et venir entre le monde des morts et celui des vivants.
Dans le roman de François Dominique aussi le personnage flirte avec le monde des morts (ou plutôt des non morts) ce qui donne au récit des allures tantôt fantastiques et tantôt poétiques puisqu’en quête d’une mythologie personnelle où Orphée se trouverait cette fois dans un Hadès proche du labyrinthe de Dédale, amoureux qu’il est de sa Carina / Minotaure.
Je dois néanmoins avouer que j’ai eu beaucoup de mal à aborder ce roman, n’ayant réellement accroché à son récit que dans sa dernière partie. J’aurais du mal à expliquer pourquoi, mais c’est évidemment un peu dommage étant donné la façon dont ce livre est venu à moi. Ceci dit, il est très possible que je perçoive l’ouvrage différemment lors d’une seconde lecture.
En attendant et comme à mon habitude je partage avec vous un morceau choisi :
Parlons de ces choses. Ce sont elles qui constituent, d’après mon « observation », à mesure que je réfléchis à toute cette histoire, le plus terrible désastre. Elles n’ont l’air de rien. Elles vont, elles viennent, dans l’ordre et dans la discipline. Elles entourent la maison. Elles montent la garde. Elles ont, comme la famille elle-même – je veux dire comme la romulpherie –, une sorte de dieu éponyme vivant à moitié parmi elles, à moitié parmi nous. Mais ce dieu n’est pas un dieu, il est le vide, l’aspiration glacée du vide le plus obscur…
Il y a autre chose de grave, une chose sublime que nul n’avait encore prononcée : « Je voudrais que la mort soit le dernier orgasme. ».
C’est une insulte radieuse à la mort. Il me plaît de dire qu’au terme de sa vie Carina jouit avant de mourir. Faut-il ranger cette belle floraison à côté du manteau en cuir de Youri, des cuites de Ruben, des amnésies de Gilles, de la fausse surdité de Julia, des migraines de Sabine, de la bizarre collection de choses ignobles ? Il y a une différence qui ne se voit pas encore. L’Ednaiv, toujours, à l’envers et à l’endroit… Je m’endors au moment précis où je suis au bord d’une vérité, sur le point de comprendre ce dont je ne me souviendrai plus…
Je ne voudrais pas la voir mourir. C’est pourquoi je partirai demain.